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PREFACE.

Barbeyrac Traducteur & Commentateur de Grotius & de Pufendorf, a beaucoup plus approché de la juſte idée du Droit des Gens. Quoique l’Ouvrage ſoit entre les mains de tout le monde, je tranſcrirai ici, pour la commodité du Lecteur, la note de ce ſavant Traducteur ſur Grotius, Droit de la Guerre & de la Paix Liv. I. Chap. I. §. XIV. Not. 5. « J’avoue, dit il, qu’il y a des Loix communes à tous les Peuples, ou des choſes, que tous les Peuples doivent obſerver les uns envers les autres : Et ſi l’on veut appeller cela Droit des Gens, on le peut très-bien. Mais, outre que le conſentement des Peuples n’eſt pas le fondement de l’obligation où l’on eſt d’obſerver ces Loix, & ne ſauroit même avoir lieu ici en aucune ſorte ; les principes & les Loix d’un tel Droit ſont au fond les mêmes que celles du Droit Naturel proprement ainſi nommé : Toute la différence qu’il y a, conſiſte dans l’application, qui peut ſe faire un peu autrement, à cauſe de la différence qu’il y a quelquefois dans la manière dont les Sociétés vuident les affaires qu’elles ont les unes avec les autres. »

L’Auteur que nous venons d’entendre, s’eſt bien apperçu que les règles & les déciſions du Droit Naturel ne peuvent s’appliquer purement & ſimplement aux États Souverains, & qu’elles doivent néceſſairement ſouffrir quelques changemens, ſuivant la nature des nouveaux ſujets auxquels on les applique. Mais il ne paroît pas qu’il ait vu toute l’étendue de cette idée, puisqu’il ſemble ne pas approuver que l’on traite le Droit des Gens ſéparément du Droit

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