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RETOUR A CHEZAL-RENOÎT

Voilà comment méditait ce fervent religieux.

Vers dix heures, il fait un chemin de croix, puis se remet en oraison. Oh ! s’il avait pu passer la journée tout entière dans ce cœur à cœur avec la divine Marie ! Mais la Fête-Dieu était proche, on vint lui dire qu’on l’attendait pour construire un arc de triomphe. Le soir, il écrit :

« J’ai bien mortifié mon corps et surtout ma volonté, en faisant un rude travail… J’aurais désiré une soirée tranquille et doucement passée dans la prière et l’oraison… Rien ! Ma volonté a été brisée. Il me semble que je me suis soumis avec joie. On s’est même figuré que j’y prenais plaisir. Tant mieux ! Merci, mon Jésus ! Que toute ma vie soit ainsi une mortification continuelle de ma volonté et de mes aises ! »

Et, content, il s’endort, tant il est vrai que l’abandon courageux à la volonté de Dieu est une source de paix et un trésor de joie. Au surplus, si nous ne voulions être saints que selon notre volonté, il est trop clair que nous ne le serions jamais.

En s’endormant, sa pensée s’en va de l’arc de triomphe aux forêts sauvages : « Mon Jésus, quand donc vous bâtirai-je une église dans mes chères Missions ?» Puis un mot de sa mère, dans une lettre récente, lui revient : « Maman me dit qu’elle pleure quand elle pense que je veux être martyr. Pauvre maman, si tu savais ! » On entend, n’est-il pas vrai, dans cette parole comme un écho du Si scires donum Dei de Jésus à la Samaritaine.

Après la Fête-Dieu, la fête de Notre-Dame du Sacré-Cœur, puis la fête du Cœur de Jésus, d’autres encore, et toujours on fait appel pour les décorations, à son dévouement que l’on savait aussi ingénieux qu’infatigable. Je n’ai jamais vu le frère Verjus, nous écrit le Père économe, refuser un service, et cependant, quelquefois, il aurait eu de bonnes raisons de le faire. » Un exemple, précisément au soir de la fête du Sacré-Cœur : La veille, il avait,