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UNE ANNÉE DE PROFESSORAT

presque tout le jour, couru les bois, pour y trouver de beaux genévriers ; toute la nuit, il avait travaillé à décorer la chapelle. Aux offices de la solennité, il avait joué de l’harmonium et chanté à plein cœur. Le soir, après que les enfants sont endormis, le Père économe l’invite à enlever l’ornementation « Il n’en pouvait plus, nous dit le Père, et dormait debout. Je voulus le renvoyer au dortoir : il resta jusqu’à la fin, heureux et souriant. » Il écrit, en effet, dans son Journal : « Qu’importe la fatigue, quand il s’agit de plaire au Sacré Cœur et de faire passer une bonne journée à nos chers enfants ! » Les décorations et les chants ont répondu à son attente. La joie intérieure a été au comble[1].

« Il est onze heures et demie, écrit-il, quelques jours avant la Saint-Louis de Gonzague, fête patronale du R. Père directeur, et je ne suis pas encore couché. Mais, qu’importe ! Peut-être nos enfants et notre vénéré Père passeront une bonne journée, et alors je suis le plus heureux des hommes[2]. »

Au soir de la fête : « Je vais me coucher bien fatigué, mais le cœur content. Il est vrai, je n’ai eu aujourd’hui que le plaisir de faire plaisir aux autres ; mais je le regarde comme le plus digne d’envie et le plus pur[3]. »

Un point l’attriste cependant parmi tous ces travaux matériels : c’est qu’il y a diminution de vie intérieure. Il le croit du moins. « Mes exercices de piété ont souffert. O mon Dieu, aidez-moi à me vaincre ! Plus tard, je vivrai au milieu d’occupations bien autrement sérieuses et accablantes. Que deviendrai-je si elles sont des occasions de négliger la piété[4] ? »

Le frère Verjus se plaint souvent de sa tiédeur, de sa mollesse, de ses défaillances, voire de ses lâchetés ; et, sur tous les modes, il se gourmande, il se rudoie, il se

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