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de ce que je ne vous ai pas écrit, et vous me dites que je ne pense plus que j’ai encore une mère bien-aimée. Oh ! très chère maman, vous le savez bien, je vous aime trop pour vous oublier ! Je pense toujours à vous et je prie pour vous. Si je ne vous ai pas écrit, croyez-le, je ne le pouvais pas : le temps m’a fait défaut.

Je suis très content de savoir que vous vous portez bien. Que Dieu soit béni ! C’est ma croix de penser que vous êtes malade. Moi aussi, je vais très bien, sauf de temps en temps quelques maux de tête.

Je veux un peu vous parler de moi, ma très chère mère, et vous dire tout ce que j’ai dans le cœur, mes joies et mes peines. Ce sera vous montrer combien je vous aime. Je veux ouvrir à une mère bien-aimée le cœur de son enfant.

Mes peines et tristesses maintenant ne sont pas grandes ; cependant, il y en a quelques-unes qui me touchent davantage. Ma première affliction, c’est de penser que vous êtes seule… Pauvre mère ! Moi, je ne veux pas vous abandonner. Je ferai tout ce que pourrai faire, et qui sait ? peut-être que nous nous verrons, si Dieu le veut ? Mais, patience, ma bien-aimée maman, patience ! Jean aussi vous aime, et il vous aime beaucoup ; il me le dit toujours dans ses lettres.

Une autre croix, c’est de penser que depuis si longtemps je n’ai pas vu ma pauvre famille… Je ne dois pas pleurer, mais laisser tout à la très sainte volonté de Dieu.

Voici ma dernière angoisse :

Comme ma mémoire n’est guère bonne, mon dernier examen n’a pas été brillant. Je vous dis tout ceci, ma très chère mère, dans l’espoir que vous prierez beaucoup pour moi. Obtenez-moi du bon Dieu une meilleure mémoire. Je dois savoir tant de choses ! Un Missionnaire, ce n’est pas un prêtre ordinaire : il doit être dans le sacerdoce très docte et très saint pour montrer la route à ses frères. J’ai du courage ; vous prierez et Dieu fera le reste.

Voici mes joies : Ma première, je l’ai dite, c’est que vous allez bien, et que vous êtes chez les bonnes Sœurs de Saint-Joseph.

Ma seconde, c’est que mes supérieurs sont contents de moi. Après Dieu et ma mère, mon devoir est de contenter mes supérieurs. Remerciez Dieu avec moi, et priez-le pour qu’il en soit toujours ainsi.

Une autre joie, c’est que, prochainement, je recevrai des mains de Mgr l’Archevêque de Bourges la tonsure. Je suis heureux à cette pensée, car ce sera mon premier pas dans la hiérarchie sacerdotale.

Je dois finir, ma très chère maman, mais je ne le ferai pas sans vous donner un baiser de tout mon cœur.

Votre très affectionné enfant,
FR. ST.-H. VERJUS,
Miss, du S.-C.