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A TRAVERS LES OCÉANS

tion de partir sans la publication préalable des noms.

Le lendemain, les Pères disent la messe, une dernière fois, sur le pont. Tout le monde y assistait, même le commandant et son équipage. Le supérieur voulut adresser quelques mots à l’assistance ; les sanglots étouffèrent sa voix. De part et d’autre, les adieux furent émus. Les colons pleuraient à chaudes larmes. Que vont-ils devenir sans prêtres pour les consoler et, au besoin, pour les défendre ? La colonie menace ruine. Arriveront-ils à Port-Breton ? Le Panay approchait. Aimablement le capitaine jette l’ancre un instant tout près de la Nouvelle-Bretagne. Le gouverneur de la colonie et les officiers accompagnent les Missionnaires sur le Panay. La séparation fut aussi pénible pour les Missionnaires qui s’en allaient que pour les colons qui restaient, — les colons, leurs fils spirituels et leurs frères ! De plus, ils s’étaient, en quelque sorte, identifiés avec la Nouvelle-Bretagne. Ils aimaient ce navire comme une partie de leur Mission. C’est en lui qu’ils avaient mis leur espoir. En le perdant, il leur semblait qu’ils perdaient tout.

III

Partis de Manille le 3 décembre, les Missionnaires arrivent à Singapour le 8 au soir. Hélas ! Il est trop tard. Le navire pour Macassar, dans les Gélèbes, est parti de la veille. Il faut attendre un autre départ, soit quinze jours. Les Pères profitent de ces loisirs forcés pour écrire à Mgr Claessens, archevêque de Batavia, et le prévenir qu’ils passeront dans son Vicariat. Croyant que l’île d’Amboine, dans la mer des Indes hollandaises, et relativement proche de la Nouvelle-Guinée, faisait partie de leur Mission, ils ont décidé de commencer là leur apostolat. Mais voici qu’un bateau, arrivé de Chine, tout chargé de Musulmans de Surabaya et des îles environnantes, qui revenaient de leur pèlerinage au tombeau de Mahomet, se dispose à partir pour Macassar où ils en trouveront un autre qui fait chaque mois le service d’Amboine. Ils