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ROME

mieux doués : il acquit de fermes et fortes convictions théologiques. Les subtilités de la scolastique ne le tentaient pas. Il disait que ces finesses n’étaient pas pour lui. Nous le croyons ; mais nous croyons aussi qu’il analysait à merveille les grandes vérités et qu’il en faisait ensuite la synthèse dans son intelligence. Aussi parlait-il de théologie comme peu en savaient parler. Un jour, sous les beaux ombrages d’une de ces villas qui entourent Rome, nous conversâmes de longues heures sur la sublimité de l’acte de foi, sur le bonheur qu’a le théologien de soumettre plus librement, en plus grande connaissance de cause, son intelligence sous le joug de la foi, sur la différence presque infinie qu’il y a entre un simple acte de foi et la conviction scientifique la plus profonde… D’entendre le frère Verjus, c’était une émotion et un ravissement. Pour moi, j’avais découvert en lui ce que les plus doctes commentaires n’avaient pu m’apprendre : Corde creditur : C’est par le cœur que l’on croit. »

Aux cours de l’Apollinaire, le Frère avait choisi une des dernières places au fond de la salle. Tandis que la plupart des élèves se mêlaient, en attendant le professeur, causaient, discutaient, lui, attentivement courbé sur son livre ou sur ses notes, gardait le silence et repassait la leçon. C’était autant par humilité que pour ne pas perdre de temps qu’il agissait de la sorte. Aussi bien sa valeur morale ne passa point inaperçue. On remarqua bientôt ce grand jeune homme à la figure grave et douce, toujours modeste, habituellement recueilli. Plusieurs-élèves des autres collèges en exprimaient aux scolastiques du Sacré-Cœur leur admiration. L’un d’eux, connu de tous pour la valeur hors pair de son intelligence, subit profondément le charme surnaturel qui se dégageait de l’humble religieux et il avoua plus tard que les exemples du frère Verjus avaient puissamment contribué à l’attirer vers la Congrégation des Missionnaires du Sacré-Cœur et les Missions.

Nous avons dit que le scolastique, malgré son bon