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LE SCOLASTICAT

vouloir, ne sera jamais un brillant élève. Il est vrai qu’il ne sera jamais libre de s’adonner à l’étude complètement. Tour à tour et parfois tout ensemble infirmier, maître de chant, surveillant à la Petite-Œuvre et chargé des Frères coadjuteurs, où trouver du temps pour les labeurs intellectuels ? Ce qui le console, c’est que, « pour être saint, il faut moins de temps que de courage[1] ». Or, qui peut l’entraver dans l’œuvre de sa sanctification ? Infirmier, il se dévouera à ses Pères et à ses Frères. Directeur effectif, sinon officiel de la Petite-Œuvre, il s’appliquera à donner aux élèves l’amour de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, l’amour de l’Institut, l’amour du travail. Quand on n’a pas été, tout petit enfant, échauffé par ces divins amours, on n’en sera jamais pleinement pénétré, pas même, à son avis, au noviciat. La vraie école de formation, ce doit être la Petite-Œuvre. Quant aux Frères coadjuteurs, le frère Verjus entrevoit quels services ils pourront rendre aux Pères dans les Missions, et il les entoure de la plus affectueuse sollicitude. Son bonheur est de travailler avec eux et comme eux. Non seulement il manie le rabot et la varlope, mais encore la machine à coudre. Il apprend à faire une soutane, à faire des souliers, à fabriquer des chaises. Rien n’est petit de ce qui peut contribuer à la civilisation chrétienne et à l’évangélisation des âmes.

Le catéchisme en images qu’il composait dès ce temps-là, est resté légendaire parmi ses condisciples, et il en est souvent question dans son Journal. « Ce n’était pas un volume, nous écrit-on ; c’était un monument, comme en faisaient quelquefois les moines transcripteurs du moyen âge. La couverture était de bois. Le tout pesait bien vingt kilogrammes. L’idée qui présida à ce travail, était très simple : faire entrer la doctrine chrétienne dans l’esprit des sauvages par les yeux. A cet effet, le catéchiste parcourait tous les magasins de Rome pour trouver de grandes images représentant, avec les faits principaux de

  1. Paroles du P. Olivaint, l’un des martyrs de la Commune. (Journal de ses retraites. )