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— 1814 —

de ses prétentions pour concourir à la gloire de la patrie. L’ancienne constitution de la Monarchie était excellente pour le temps ; mais il faut, dans la vie, partir du point où l’on est arrivé : un fait est un fait. Que le gouvernement détruit fût excellent ou mauvais, il est détruit ; que l’on ait avancé, que l’on ait reculé, il est certain que les hommes ne se trouvent plus dans la place où ils se trouvaient il y a cent ans, bien moins encore où ils étaient il y a trois siècles. Il faut les prendre tels qu’ils sont, et ne pas toujours les voir tels qu’ils ne sont pas et tels qu’ils ne peuvent plus être.

Quand nous voudrions tous que les choses fussent arrangées autrement qu’elles le sont, elles ne pourraient l’être. Déplorons à jamais la chute de l’ancien gouvernement, de cet admirable système dont la durée seule fait l’éloge ; mais enfin notre admiration, nos pleurs, nos regrets, ne nous rendraient pas Duguesclin, Lahire et Dunois. La vieille Monarchie ne vit plus pour nous que dans l’histoire. »

Supplications vaines ! M. de Chateaubriand, pour prix de ses efforts, ne recueillit que des injures ou des railleries. Quelques écrivains royalistes lui demandèrent de quel droit il prétendait régenter le parti. On accusa sa vanité ; ses conseils furent regardés comme des impertinences. Les plus indulgents, s’ils consentaient à reconnaître la bonté de ses intentions, regrettaient que l’imagination, chez lui, absorbât toutes les autres facultés intellectuelles. M. Ferrand, au reste, loin de chercher à atténuer le sens réactionnaire de ses paroles et à dégager la personne du souverain, affirmait publiquement que son discours, soumis à Louis XVIII, la veille de la séance, avait obtenu l’entière approbation de ce dernier. Il ajoutait même que c’était sur les indications personnelles de ce prince qu’il avait parlé de la ligne droite, et de l’espérance de restituer plus tard au clergé et à la noblesse les biens dont la Révolution les avait dépouillés. La pensée du roi, selon M. Ferrand, n’avait jamais varié ; ce monarque, dès 1795, avait manifesté l’intention de ne jamais faire grâce à la Révo-