Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
— 1814 —

lution ni aux révolutionnaires. Il racontait, à cette occasion, qu’au mois de mars 1796 Cambacérès et trois autres de ses collègues de la Convention, ayant offert leurs services au roi, et celui-ci ayant daigné leur accorder des lettres de grâce, le personnage qui faisait alors les fonctions de garde des sceaux avait refusé de les sceller lorsqu’on les lui présenta, disant que S. M. outre-passait les droits de la puissance royale. « Scellez toujours, aurait répondu Louis XVIII ; quand je serai monté sur mon trône, mes parlements sauront bien me prouver que j’ai outre-passé, comme vous le dites, les droits de la puissance royale, et les gens auxquels je fais grâce seront alors rompus en place de Grève avec mes lettres au cou. » M. Ferrand, nous le croyons, calomniait Louis XVIII. La parole de ce prince était quelquefois cynique ; il n’avait ni douceur dans le caractère ni bienveillance dans le cœur ; mais on ne pouvait lui refuser une certaine intelligence de ses intérêts, et un esprit dégagé de passion. Personne autour de lui, par exemple, ne comprenait mieux que lui-même le tort que faisaient alors à sa personne et à son gouvernement les extravagances des vieux royalistes. La brochure de M. de Chateaubriand lui fournit l’occasion de protester contre les écarts de son propre parti. Quelques jours après l’apparition de cet ouvrage, on put lire dans les journaux du gouvernement « que, le vice-président et les quatre secrétaires de la Chambre des députés ayant été porter au roi une loi que la Chambre venait d’adopter, Louis XVIII leur avait demandé s’ils avaient lu les Réflexions politiques de M. de Chateaubriand ; que le roi, après avoir fait l’éloge de cet ouvrage, leur avait dit que les principes qui y étaient contenus devaient être ceux de tous les Français ; et que, lorsqu’à l’âge de cinquante-neuf ans il avait donné des lois à ses peuples, c’est qu’il avait pensé que ces lois étaient propres à les rendre heureux. »

Que pouvaient, au reste, ces protestations contre les faits de chaque jour ? Tous les matins, pour ainsi dire, c’étaient de nouvelles mesures tendant à la reconstruction de l’ancien ré-