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tion ; 2° et au remplacement des dotations qui, par les décrets d’affectation, n’excéderaient pas annuellement 2,000 francs. Ses développements furent imprimés par ordre de la Chambre ; mais ils restèrent à l’état de simple proposition.

Les deux mois de novembre et de décembre s’écoulèrent, pour la Chambre des députés, en discussions presque ignorées sur des tarifs de douanes, et en rapports de pétitions. Deux fois pourtant ses séances présentèrent une animation inaccoutumée et passionnèrent le public. Ce fut à l’occasion de deux pétitions.

Le 23 novembre, le général Augier fit le rapport d’une lettre adressée à la Chambre par M. Lesterp, maire de la commune de Darnac, département de la Haute-Vienne, et de laquelle résultaient les faits suivants : le jour de la Toussaint, dans l’église paroissiale, pendant la messe, et au moment même de l’élévation, le bedeau s’approchait du banc municipal pour offrir au maire, selon l’usage, le pain bénit, quand M. de Blons, ancien seigneur de la commune, et qui était dans son banc avec M. de Fornel, son beau-frère, et plusieurs autres parents, se leva et cria à haute voix : « Sacristain, apporte ici le pain bénit ; apporte, apporte ! » Le bedeau, interdit, hésite ; le maire, qui était à genoux, lui dit : « Vous savez, sacristain, que c’est au maire que vous devez d’abord offrir le pain bénit. » La corbeille allait effectivement lui être offerte, lorsque M. de Blons, furieux, quitte sa place, saisit les bâtons de deux villageois placés près de lui, et frappe à coups redoublés sur son banc en continuant d’appeler le sacristain. Ce dernier, effrayé, s’avance enfin avec sa corbeille ; l’ancien seigneur la lui arrache des mains, et ne la rend qu’après y avoir largement puisé, ainsi que tous les membres de sa famille. On la présente ensuite au maire, qui repousse le pain bénit.

Le rapporteur ajoutait que M. Lesterp, ancien officier et notaire, homme honorable sous tous les rapports et bon royaliste, s’était surtout adressé à la Chambre dans la pensée qu’il importait à l’intérêt du trône et à la tranquillité publique