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— 1814 —

que le roi fût instruit de ce qui se passait dans l’intérieur des départements. Ce fonctionnaire disait à la fin de sa lettre : « Il semble que les émigrés veulent traiter la France en pays conquis. Ils paraissent se mettre, en plusieurs endroits, au-dessus des autorités constituées, et ne reconnaître d’autres lois que leur volonté. » La commission proposait le renvoi de la lettre et du procès-verbal qui y était joint au chancelier, pour que ce ministre saisît la justice de cette affaire ; elle demandait, en outre, que M. Dambray fût expressément invité à faire connaître à la Chambre le résultat des poursuites.

Ces conclusions furent combattues avec chaleur. M. Blanquart-Bailleul, entre autres, soutint que la Chambre n’avait pas le droit d’inviter le ministre à poursuivre, et encore moins à lui rendre compte du résultat ; ce serait, disait-il, usurper les fonctions du procureur général. Un autre membre qualifia « d’injure atroce » les réflexions de M. Lesterp sur les prétentions affectées par les émigrés. M. de Dampmartin en demanda la suppression, disant que le langage de ce maire de je ne sais où était indécent. Cette demande et la proposition de l’ordre du jour furent successivement repoussées. La Chambre adopta les conclusions de sa commission.

Dans tout autre moment, les faits dénoncés par le maire de Darnac n’eussent semblé que ridicules ; mais ils empruntaient aux circonstances une importance réelle. Ce qui venait de se passer à Darnac se voyait partout ; la partie la plus besoigneuse et la plus ignorante des anciens privilégiés croyait, de la meilleure foi du monde, que le retour des Bourbons était le retour de l’ancien régime, et, fiers de cette fortune inespérée que l’invasion d’un million de soldats étrangers avait seule produite, ils se posaient sérieusement en vainqueurs et en maîtres du pays.

La seconde pétition nécessite quelques détails préliminaires ; elle était relative à un acte arbitraire d’un ministre nouvellement nommé, le maréchal Soult, dont l’avénement au pouvoir veut être expliqué.