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— 1814 —

Nous avons dit, dans le précèdent volume[1], l’accueil fait par le maréchal Soult aux proclamations du duc d’Angoulême, lors du débarquement de ce prince sur notre territoire. Poussé, depuis Orthez, par les armées espagnole, anglaise et portugaise aux ordres de Vellington, le duc de Dalmatie, après une retraite de plus de cinquante lieues, et dont chaque pas avait été marqué, pour ainsi dire, par un échec, s’était enfin arrêté à Toulouse. Dans ce moment, le gouvernement provisoire, tout entier aux intrigues qu’il semait à Paris et aux trahisons qu’il provoquait à Fontainebleau, s’absorbait dans ce double travail. Depuis le 1er avril jusqu’au 6, M. de Talleyrand et ses collègues oublièrent complétement les armées qui luttaient au pied des Pyrénées ; ce fut seulement le 7 que leur pensée s’y porta. Le soir de cette journée, deux courriers, l’un Français et l’autre Anglais, furent chargés de transmettre au maréchal Soult et au duc de Wellington la nouvelle des événements qui venaient de s’accomplir ; ces courriers, arrêtés à Orléans, puis conduits à Blois, ne quittèrent cette dernière ville que le surlendemain 9, ayant encore près de 120 lieues à franchir avant d’arriver à leur destination.

De vagues rumeurs sur l’entrée des Alliés dans Paris et sur la Déclaration des souverains, apportées par quelques lettres particulières ou par des voyageurs, avaient circulé, dès le 9, aux quartiers généraux des deux armées ; mais, le 10 au matin, rien d’officiel n’y était encore parvenu. Le maréchal Soult, attaqué ce jour-là dans ses lignes, s’y défendit. Les troupes sous ses ordres se battirent avec la plus grande énergie ; mais cette résistance, communément désignée sous le nom de bataille de Toulouse, fut un dernier échec. Les pertes de notre armée avaient été considérables ; elle fut obligée d’évacuer Toulouse, et, le lendemain 11, nos soldats commençaient leur mouvement de retraite lorsque arriva le courrier du gouvernement provisoire. Le maréchal se retira sur Castelnaudary.

Le duc de Dalmatie venait de tirer le dernier coup de canon

  1. Voyez tome Ier, pages 272 et 275.