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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/178

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— 1815 —

sance dans le seul but de maintenir les sacrifices et le déshonneur de ce désastreux traité de Paris que l’Europe victorieuse avait seule pu lui imposer ! Était-ce ineptie ou trahison ? L’une et l’autre peut-être.

Trois semaines après la signature de ce traité secret, le 28 janvier, l’Autriche, que ce pacte avait rendue plus hardie, proposa de trancher la question de la Saxe en indemnisant la Prusse à l’aide de 800,000 têtes que l’on détacherait de ce royaume. Le 6 février, le prince de Hardenberg répliqua, au nom de sa cour, par une note, où, sans s’expliquer nettement sur l’offre de l’Autriche, il annonçait la renonciation de la Russie à la possession de Thorn et du district de Tarnopol.

En même temps que les deux questions de la Pologne et de la Saxe absorbaient les séances officielles des plénipotentiaires des huit puissances composant le congrès, le comité spécial chargé de régler les affaires de l’Allemagne examinait une note dans laquelle le prince de Metternich proposait la création d’une diète fédérale germanique, divisée en deux cercles ou conseils : le premier cercle, composé de l’Autriche et de la Prusse, ayant deux voix chacune, des royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Hanovre, avec une voix chacun, devait avoir le droit de décider, pour toute la fédération, les questions de paix et de guerre ; le second cercle, formé des représentants des autres États, princes souverains ou villes libres, aurait la puissance législative, mais sans pouvoir déclarer la guerre ni conclure des alliances. Le premier conseil, véritable pouvoir exécutif, se trouvait tout entier aux mains de la Prusse et de l’Autriche, puisque, sur sept voix, ces deux puissances s’en réservaient quatre. Ces prétentions à la dictature avaient irrité tous les petits princes allemands. Ils voulaient résister et cherchaient où s’appuyer. Cette protection était dans le rôle obligé de la France. Les efforts de notre Monarchie, depuis Louis XI et François Ier, avaient constamment tendu à fortifier les États secondaires de l’Allemagne contre les grandes puissances, à les maintenir dans notre sphère d’influence et d’action, et à