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— 1815 —

colonels en demi-solde et d’un certain nombre d’officiers supérieurs appartenant à l’armée active. Leur hostilité était absolue ; repoussant tout compromis avec la Restauration, ils voulaient le rétablissement de l’Empire et de l’Empereur. Leur plan était exclusivement militaire ; l’instrument dont ils comptaient se servir était l’armée ; ils se croyaient sûrs de la moitié des corps qui la composaient. Un des régiments cantonnés dans le Midi, et dont le colonel appartenait au complot, devait donner le signal en se mettant en marche sur Paris ; d’autres régiments, placés sur la route, joindraient et grossiraient ainsi, de proche en proche, le nombre des insurgés. Toutes les résistances une fois emportées et les Bourbons renversés, les chefs rappelleraient l’Empereur. Comme ils ignoraient les intentions de Napoléon et qu’ils n’en avaient aucune nouvelle, une forte escadre, partie de Toulon, devait allait l’enlever de l’île d’Elbe et le ramener ; la couronne lui serait rendue. Le prince d’Eckmühl fut d’abord le chef de cette conspiration impérialiste ; mais, lorsque tous les détails du mouvement furent à peu près arrêtés, il se retira, annonçant qu’il ne fallait plus compter sur lui. « Il en donnait pour raison, a dit le comte Lavalette, la légèreté des chefs et la certitude que la cour avait des soupçons. C’était s’y prendre un peu tard : son nom avait encouragé tous les autres ; les moyens d’exécution lui avaient été soumis, et il les avait approuvés ; il reculait donc par couardise, car on ne pouvait supposer un repentir dans le cœur d’un tel homme [1]. » L’abandon de Davoust ne changea rien aux projets convenus, et, dans les premiers jours de mars, on n’attendait pour agir qu’une somme de 100,000 francs destinée aux premières dépenses du soulèvement, et que faisait espérer depuis longtemps un banquier nommé Hainguerlot, alors dépositaire de fonds assez considérables appartenant au prince Jérôme[2].

  1. Mémoires du comte Lavalette, t. II.
  2. Obligés à plus de précautions que les hommes de l’opposition légale, dont l’hostilité, d’ailleurs, se répandait en menaces plutôt qu’elle ne se traduisait