Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
— 1815 —

quelques mots, dits à voix basse, chez cette dame, par l’un d’eux, apprirent à Fouché une nouvelle que le roi avait reçue dans la journée. Rentré chez lui, le duc d’Otrante fait appeler l’un des deux frères Lallemand, qui se trouvait à Paris, et, gardant le silence sur l’événement qu’il venait de connaître, il lui dit que la cour soupçonnait les trames ourdies contre elle ; que les mesures les plus violentes allaient être prises contre tous les généraux suspects ; qu’il n’y avait pas un moment à perdre pour avertir le général Drouet-d’Erlon et les autres conjurés, et pour les engager à mettre sur-le-champ leurs troupes en marche sur Paris.

Le lendemain 6 mars, le général Lallemand partait pour Lille, et, le 7 au matin, il entrait dans cette place forte, au même moment où le Moniteur jetait au milieu de la population de Paris, stupéfaite, les lignes suivantes :

PROCLAMATION.

« Nous avions, le 31 décembre dernier, ajourné les Chambres pour reprendre leurs séances au 1er mai ; pendant ce temps, nous nous livrions sans relâche à tous les travaux qui pouvaient assurer la tranquillité et le bonheur de nos peuples ; cette tranquillité est troublée ; ce bonheur peut être compromis par la malveillance et la trahison.

Si les ennemis de la patrie ont fondé leur espoir sur les divisions qu’ils ont toujours cherché à fomenter, ses soutiens, ses défenseurs légaux, renverseront ce criminel espoir par l’inattaquable force d’une union indestructible.

À ces causes, ouï le rapport de notre amé et féal chevalier, chancelier de France, le sieur Dambray, commandeur de nos ordres, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. La Chambre des pairs et celle des députés des départements sont convoquées extraordinairement au lieu ordinaire de leurs séances.

Art. 2. Les pairs et les députés des départements, absents de Paris, s’y rendront aussitôt qu’ils auront connaissance de la présente proclamation.

Donné au château des Tuileries, le 6 mars 1815, et de notre règne le 20e.

Signé : Louis. »