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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/197

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— 1815 —

que M. de Metternich affecte de répandre sur la nullité de nos forces militaires[1]. »

Le cabinet de Vienne connut cette double démarche de M. de Talleyrand en même temps qu’il recevait de Murat la demande relative au passage de ses deux corps d’armée. Les 24 et 26 février, M. de Metternich notifia au gouvernement de Naples et à la cour des Tuileries que l’Autriche ne souffrirait pas que la tranquillité de l’Italie fût troublée, et qu’elle considérerait comme un acte d’hostilité tout mouvement de troupes susceptible de compromettre la tranquillité de ses frontières. La première de ces deux dépêches parvint à Naples au moment où y arrivait de l’île d’Elbe un envoyé dont nous dirons plus loin la mission ; et, quand on reçut la seconde aux Tuileries, les 30,000 hommes dont M. de Talleyrand avait demandé la réunion au pied des Alpes étaient déjà en mouvement.

Si M. de Talleyrand n’avait pas provoqué Murat par ses demandes de déchéance, il est probable que ce dernier n’aurait point songé à chercher, dans le soulèvement de la haute et de la moyenne Italie, un secours contre l’hostilité des Bourbons et contre le mauvais vouloir des autres souverains. Ses projets de guerre contre la France n’avaient rien de sérieux ; ils n’étaient qu’un prétexte pour porter ses troupes en Lombardie, et c’est à tort que le gouvernement de Louis XVIII, ainsi que la plupart des écrivains de cette époque, ont parlé des pratiques ténébreuses de ce prince contre la Restauration. Il n’a fallu rien de moins que les termes de sa demande au cabinet de Vienne, rapprochés du procès fait quelques semaines auparavant au général Excelmans, et dans lequel des correspondances avec Naples jouaient le plus grand rôle, pour donner créance à ces bruits ; bruits aussi peu fondés que l’accord entre Napoléon et Joachim. L’Empereur ne se confiait pas assez à la capacité de son beau-frère pour le mettre de moitié dans un plan politique, quel qu’il fût. Sa trahison, d’ailleurs,

  1. Mémoire justificatif du maréchal Soult, 1815.