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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/199

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— 1815 —

les ducs de Bassano et de Rovigo, et le comte Lavalette[1]. Le duc de Bassano, toutefois, est le seul qui ait accepté, en tout temps et devant tous, la responsabilité de cette position. Les visiteurs furent rares ; on faisait à la police de MM. Beugnot et Dandré l’honneur de la supposer active et habile. Napoléon, au reste, connaissait, par les seuls faits que la censure permettait aux journaux d’enregistrer, tout ce qu’il lui importait de savoir. Une intelligence aussi étendue, aussi haute que la sienne, pouvait facilement apercevoir, derrière les lois, les ordonnances et les mesures du nouveau gouvernement, les colères et les haines qu’elles soulevaient dans toutes les classes. Les révélations qu’on aurait pu lui apporter ne lui eussent rien appris, et il n’avait pas même besoin des lettres que quelques soldats restés au service adressaient à leur famille ou à leurs compagnons de l’île d’Elbe pour savoir que l’armée, hostile au nouveau régime, était restée fidèle à son souvenir, prononçait toujours son nom et invoquait son retour[2].

Au mois de janvier 1815, la pensée de Napoléon était arrêtée. Il rentrerait en France. Mais comment ? à quelle occasion ? Attendrait-il le soulèvement d’une partie de la population ou la révolte de quelques régiments, résultat prochain, inévitable, du mécontentement public ? ou bien, quittant inopinément son île, irait-il offrir un drapeau et un chef à la France irritée et la soulever contre ses nouveaux princes ? Des bruits venus de Vienne, et qui lui furent apportés de Naples par sa sœur Pauline, le décidèrent pour ce dernier parti. Les demandes de restauration faites les 15 et 19 décembre 1814 en faveur des Bourbons réfugiés en Sicile avaient appelé l’attention, non du congrès, mais d’une partie des plénipotentiaires, sur l’Ita-

  1. Le comte Lavalette, directeur général des postes durant l’Empire et les Cent-Jours, et que son procès en 1815 a rendu célèbre, est l’auteur des Mémoires que nous avons déjà cités et que nous aurons plus d’une occasion de citer encore.
  2. Quelques-unes de ces lettres, communiquées à Napoléon, racontaient que dans les revues, comme dans les cours des casernes, les cris de Vive le roi ! étaient toujours suivis des mots de Rome, prononcés à mi-voix.