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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/211

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— 1815 —

rasser de leurs inquiétudes de femmes[1] ! » L’Empereur n’avait pas à craindre que M. Fleury de Chaboulon laissât rien échapper des deux entretiens qui venaient, non de décider sa résolution, — elle était arrêtée depuis longtemps, — mais d’en hâter l’accomplissement. Cependant, il ne voulut rien donner au hasard. Le secret qu’emportait le jeune auditeur était si lourd ! « J’arriverai en France avant le 1er avril, » lui avait-il dit dans le second entretien, lorsque déjà il était déterminé à partir sur-le-champ et à poser le pied sur la côte française avant même que son confident pût avoir le temps de sortir du royaume de Naples. En effet, le lendemain, 26, trois petits bâtiments de commerce disposés à l’avance dans le port par M. Pons de l’Hérault, directeur des mines de l’île, recevaient 200 chasseurs corses, 100 chevau-légers polonais et 200 flanqueurs, tandis que l’Empereur s’installait, avec 400 grenadiers, à bord de l’unique navire de guerre qu’il possédât, l’Inconstant, brick de 26 canons, commandé par le capitaine Chautard et le lieutenant Taillade. L’embarquement, commencé à cinq heures de l’après-midi, fut terminé à sept heures et demie du soir. À huit heures, un coup de canon donna le signal du départ. « Je partis trop vite, a raconté Napoléon ; chaque semaine je recevais un bulletin de ce qui s’était passé dans le congrès de Vienne et de ce qui se disait dans le corps diplomatique ; si j’avais attendu celui qui devait m’arriver le lendemain, 27, j’aurais différé mon départ de quinze jours, et la nouvelle de mon débarquement en France n’aurait plus trouvé les souverains réunis à Vienne. Que d’événements heureux auraient pu sortir, pour moi, de la dissolution du congrès et de la dispersion des souverains !Cypriani, qui m’apportait précisément de Vienne des nouvelles qui démentaient la dépêche de l’ambassadeur de Murat, et auraient ainsi retardé mon embarquement, arriva à Porto-Ferrajo lorsque, depuis douze heures, j’étais déjà en mer[2]. »

  1. Récits de la captivité de Sainte-Hélène, par le comte de Montholon.
  2. Ibid.