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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/227

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— 1815 —

centration de troupes sollicitée par M. de Talleyrand, et approuvée par M. de Blacas, en vue d’observer l’Italie, le maréchal Soult venait d’y appeler, de Chambéry, le 7e et le 11e de ligne ; de Valence, le 4e régiment d’artillerie ; de Vienne, le 4e de hussards. Ces forces, placées sous le commandement du général Marchand, présentaient, nous l’avons dit, un effectif d’environ 6,000 hommes ; le hasard seul les mettait sur le passage de Napoléon ; les ordres qui venaient de les y amener étaient partis, pour ainsi dire, de la salle du congrès de Vienne. Que n’a-t-on pas écrit, pourtant, sur le complot dont ces corps et leurs chefs auraient été les actifs instruments ! Deux jours auparavant, ces chefs ignoraient aussi bien que leurs soldats le débarquement de l’Empereur. Cette nouvelle les fit tressaillir d’espérance et de joie ; d’autres régiments l’auraient-ils accueillie avec moins d’enthousiasme ? On s’est appuyé de la jonction du colonel Charles de Labédoyère. Était-ce lui qui commandait le bataillon du 5e posté aux lacs de Laffray ? Le 7e de ligne, dont Labédoyère était colonel, tenait garnison à Chambéry avant les démonstrations de Murat : ce régiment aurait-il quitté la Savoie si, pour satisfaire aux demandes de M. de Talleyrand, le ministre de la guerre ne l’avait pas appelé sur la route suivie par Napoléon, au moment précis où l’Empereur s’approchait du chef-lieu du département de l’Isère ? C’est cette circonstance toute fortuite qui devait permettre à son jeune et infortuné colonel de répondre à l’appel que le chirurgien Émery était chargé de lui faire, et de se réunir, un des premiers, au chef sous lequel il avait si longtemps servi. Labédoyère eût hésité, d’ailleurs, que ses soldats l’eussent entraîné.

Depuis la veille, en effet, la fermentation était grande dans les casernes et sur les places publiques de Grenoble. Des cris de Vive l’Empereur ! avaient éclaté pendant toute la nuit, et telle était l’excitation de la population et des soldats, le matin du 7, que ni les autorités militaires ni l’autorité civile n’avaient déjà plus l’influence et la force nécessaires pour arrêter