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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/236

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— 1815 —

époque, en parlant des souverains alliés. Il y a plus : si, le 10 mars 1815, elles maudissaient l’Empereur dans les termes les plus violents, on devait les voir, à douze jours de là, épuiser de nouveau, pour ce souverain, toutes les formules du dévouement et de l’admiration ; puis, trois mois après, aux premiers jours de juillet, on devait les entendre charger encore une fois Napoléon d’injures, et, courtisans infatigables, jurer derechef à Louis XVIII une inviolable fidélité. Et l’on s’étonne, après de tels faits, que les institutions les plus saintes et les hommes en qui elles se personnifient perdent de leur prestige dans le respect des peuples !

Après ces Adresses venait la proclamation suivante :

MINISTÈRE DE LA GUERRE.
ordre du jour à l’armée

« Soldats !

Cet homme, qui naguère abdiqua aux yeux de toute l’Europe un pouvoir usurpé dont il avait fait un si fatal usage, Buonaparte est descendu sur le sol français, qu’il ne devait plus revoir.

Que veut-il ? la guerre civile. Que cherche-t-il ? des traîtres. Où les trouverait-il ? Serait-ce parmi les soldats qu’il a trompés et sacrifiés tant de fois en égarant leur bravoure ? Serait-ce au sein de ces familles que son nom seul remplit encore d’effroi ?

Buonaparte nous méprise assez pour croire que nous pouvons abandonner un souverain légitime et bien-aimé, pour partager le sort d’un homme qui n’est plus qu’un aventurier. Il le croit ! l’insensé ! Son dernier acte de démence achève de le faire connaître.

Soldats ! l’armée française est la plus brave armée de l’Europe ; elle sera aussi la plus fidèle.

Rallions-nous autour de la bannière des lis, à la voix de ce père du peuple, de ce digne héritier des vertus du grand Henri. Il vous a tracé lui-même les devoirs que vous avez à remplir. Il met à votre tête ce prince, modèle des chevaliers français, dont l’heureux retour dans notre patrie a déjà chassé l’usurpateur, et qui, aujourd’hui, va par sa présence détruire son seul et dernier espoir.

Paris, le 8 mars 1815.

Le ministre de la guerre,
Maréchal duc de Dalmatie. »