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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/288

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— 1815 —

pourrait dire le sort réservé sa cause s’il se fût trouvé à Londres au moment où les Alliés, trois mois plus tard, entraient à Paris ? L’Empereur, certes, était loin de prévoir l’avenir ; cependant, averti par une sorte de révélation du génie, il enjoignit aux généraux à qui la poursuite de Louis XVIII fut confiée de manœuvrer de manière que le roi fût obligé de mettre la mer entre la France et sa personne. On ajoute que son déplaisir fut extrême quand il apprit qu’au lieu de se réfugier encore une fois sur le sol britannique Louis XVIII restait en observation sur la frontière belge.

Les princes et Marmont n’avaient pas reçu les dépêches qui leur ordonnaient d’aller occuper le port où le roi croyait pouvoir maintenir le drapeau de la Restauration. Arrivés à Béthune, le 25 au matin, ils y séjournèrent, comptant entrer le lendemain dans Lille. Le départ du roi pour la Belgique leur fut annoncé dans la soirée. La cause royale, à cette nouvelle, leur sembla perdue ; ils ne songèrent qu’à gagner au plus vite le territoire des Pays-Bas. Ypres était la place belge la plus voisine ; ils s’y portèrent, en toute hâte, par la traverse, et avec la moitié seulement des forces qui jusqu’alors les avaient accompagnés. Les chemins qu’ils suivirent étaient détestables : on les en avait avertis ; mais, pressés d’échapper à toute poursuite, ils n’avaient voulu rien entendre. « Je ne vous demande pas quel est le chemin le meilleur, avait répondu le général Lauriston à un habitant qu’il consultait et qui lui détaillait les difficultés de la route ; je vous demande quel est le plus court. » Bien qu’ils eussent choisi pour escorte les cavaliers les mieux montés, une partie resta en route. Le comte d’Artois et le duc de Berri arrivèrent à peu près seuls à la frontière. Une fois en sûreté, ils transmirent aux détachements qui s’efforçaient de les suivre l’ordre de retourner à Béthune ; ces détachements y rentrèrent le 26 ; le même jour, un ordre de l’Empereur les licencia. Le comte et son fils, après être restés quelques jours à Ypres, se rendirent à Gand, que le roi des Pays-Bas venait d’assigner pour résidence à