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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/289

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— 1815 —

Louis XVIII et aux princes de sa maison. Au moment où ce souverain recevait son frère et son neveu dans ce nouvel asile, un autre membre de sa famille s’embarquait à l’embouchure de la Loire et faisait voile pour l’Espagne.

Lorsque le comte d’Artois était parti de Paris pour Lyon, le duc de Bourbon, nous l’avons dit, avait reçu l’ordre d’aller prendre le commandement militaire des provinces de l’Ouest. Ce fut seulement le 14 mars que ce prince arriva à Angers. Il était parti sans instructions, sans officiers, sans argent. Le fils du prince de Condé, dans la pensée de la cour, n’avait besoin que de son nom pour trouver dans la fidélité des autorités, dans l’enthousiasme et dans le dévouement des populations, les ressources les plus abondantes. De bruyantes démonstrations accueillirent, en effet, sa présence ; les Adresses, les protestations les plus ardentes, lui arrivèrent de tous côtés ; les fonctionnaires civils de tous les ordres vinrent mettre à ses pieds leur fortune et leur vie ; les officiers généraux, les officiers supérieurs, lui garantirent la fidélité de leurs soldats ; des volontaires s’offrirent en grand nombre, demandant à marcher et à combattre contre l’usurpateur ; enfin les municipalités, ainsi que le commerce de Saumur, d’Angers, de Nantes et de la Rochelle, proposèrent d’ouvrir au prince des crédits considérables pour couvrir les premiers frais d’armement : tristes mensonges, qui ne manquent jamais aux gouvernants, et dont tous sont les incurables dupes ! La population officielle des départements de l’Ouest, lorsqu’elle offrait à si grand bruit aux Bourbons ses bras et sa bourse, en était encore aux nouvelles des journaux annonçant la prétendue victoire remportée par le duc d’Orléans sous les murs de Bourgoin. La vérité ne tarda pas à se faire jour ; l’enthousiasme se refroidit aussitôt ; on le vit faiblir à mesure que l’Empereur avançait vers Paris. Bientôt le nombre des fonctionnaires civils qui se montraient dans les salons du prince diminua ; les chefs militaires ne furent plus aussi prodigues de promesses ; enfin, le duc ayant eu besoin de fonds pour solder quel-