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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/290

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— 1815 —

ques dépenses urgentes, le receveur général de Maine-et-Loire refusa nettement de les lui avancer. Angers échappait, à son tour, à la Restauration. « Allons en Vendée ! s’écrièrent les anciens chefs insurgés qui s’étaient groupés autour du prince ; sa valeureuse population ne nous manquera pas ! » Le duc de Bourbon partit pour Beaupréau ; mais ce fut à peine si, pour sa route, il put obtenir des chevaux de poste. Une fois au centre de la Vendée angevine, les chefs vendéens ou bretons qui l’entouraient lui assurèrent que des armées allaient sortir du sol ; et tous se partagèrent aussitôt les commandements : au comte de la Rosière échut le département de Maine-et-Loire ; au général Canuel, celui de la Vienne ; à MM. de Suzannet, de Sapineau et Auguste de la Rochejaquelein, des divisions non moins importantes. Le prince, de son côté, publia une proclamation où il appelait la population aux armes. Quelques détachements de troupes l’avaient rejoint ou suivi ; le lendemain de son arrivée à Beaupréau, tous les soldats l’abandonnèrent. Bientôt il apprit qu’Angers avait reconnu le gouvernement impérial ; que toutes les autres villes du bassin de la Loire avaient également arboré le drapeau tricolore ; que des troupes se dirigeaient contre lui, et qu’une partie des habitants des villes et des bourgs, formés en gardes nationales et guidés par des officiers à demi-solde, marchaient avec la troupe de ligne. Il s’irrita, ne songeant pas que les générations qu’il était venu chercher avaient en partie disparu, et se trouvaient remplacées par une génération nouvelle, indifférente aux passions politiques qu’il croyait réveiller. Obligé de reconnaître que, pris ainsi à l’improviste, sans force et sans résistance organisées, la défense serait impossible, il accueillit les ouvertures du colonel de gendarmerie Noireau, qui lui proposait, pour épargner une inutile effusion de sang, d’assurer sa retraite et celle de tous les officiers qui désireraient se retirer avec lui. Le duc refusa tout accommodement pour lui-même. « Il croirait se déshonorer, disait-il, en consentant à recevoir même un sauf-conduit des représentants de l’homme