Page:Vautier, Frandin - En Corée, 1905.pdf/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
EN CORÉE

chez la jeune Coréenne, ne voulut pas s’en séparer et l’emmena avec lui.

Avant son départ, j’avais eu l’occasion de rencontrer, dans la maison du diplomate, l’ex-danseuse du roi, et, à mon tour, je l’avais admirée, vêtue de son costume national.

Mais quand, au moment des adieux, je vis la Coréenne habillée en élégante Parisienne, je ressentis une douloureuse surprise.

Seuls, au milieu du désastre de ce qu’il me fallut considérer comme un avertissement, les yeux lumineux et profonds de Li-Tsin — Fleur d’âme — conservaient leur éclat et lui gardaient, à elle, son individualité.

« Je l’épouserai, déclara mon collègue et ami. Vous ne sauriez croire de quelles beautés l’âme de Li-Tsin est formée. En ces pays hétérodoxes, elle peut être reconnue déesse ; chez nous, elle aura droit au titre d’ange. »

Ainsi qu’il l’avait affirmé, arrivé en Europe, le chargé d’affaires épousa son esclave.

Il lui donna des maîtres de toute sorte, qui furent unanimes à reconnaître non seulement l’esprit d’assimilation de leur élève, mais encore l’instinct artistique qui était en elle.