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EN CORÉE

bataille et par clans séparés, s’assaillent avec furie, poussant d’horribles cris, ivres du sang qui coule de cette masse humaine, dans laquelle se débattent indistinctement victimes et bourreaux. Ceux qui ne sont pas blessés ou qui échappent à la mort tombent anéantis sous l’empire d’une joie hideuse, dont, presque toujours, les accès se renouvellent, considérés comme la manifestation du dieu de la guerre. Ces jeux… coûtent parfois plusieurs centaines d’existences.

Les décrets royaux ont beau se multiplier afin d’interdire celle odieuse coutume, toute autorité demeure impuissante ; et comme le gouvernement réclame la punition des meneurs de ces tueries, espérant ainsi intimider la foule, les indigènes, plutôt que d’y renoncer, tirent au sort avant la bataille, pour savoir lesquels, parmi eux, seront déclarés responsables et payeront de leur tête, à la fin de la journée, les meurtres accomplis sur leurs compatriotes !…