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EN CORÉE

elle eut une fille qui, ne pouvant, en raison de son essence extra-humaine, séjourner sur la terre parmi les simples humains, fut confiée aux brahmes, qui l’élevèrent dans le temple et lui enseignèrent tous les arts.

Elle devint elle-même prêtresse, initia plusieurs de ses compagnes, non seulement à la science humaine qu’elle avait acquise, mais encore à celle qu’un atavisme divin lui concédait, et les bayadères commencèrent d’exister.

Ce n’est point parmi le vulgaire que se recrutent ces futures initiées, et c’est avec un soin jaloux que les gouverneurs des huit provinces coréennes parcourent le pays pour y découvrir les merveilles de formes et d’intelligence qu’il peut renfermer. Prises dès leur plus tendre jeunesse, ces créatures d’élection sont élevées dans les temples, et, dès que leur initiation semble suffisante, chaque gouverneur choisit dix des plus parfaites et les envoie à la cour de Séoul.

De ce moment, les danseuses deviennent la propriété exclusive du roi. Elles pourront changer de maître, être vendues, expatriées, épousées même ; rien ne les fera libres désormais, si ce n’est l’exil. Mais dès que celui-là prendra fin, le premier pas fait par l’esclave