Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/212

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196 CORRESPONDANCE. corde. Mais je me suis apercu, des les commencements meme de notre commerce, que vous retardiez vosréponses; autant que vous le pouviez; et, dans le dernierbiver que j’ai passé avec vous, il m’avait paru aussi que vous vous éloigniez de moi; mais, comme mon empressement pouvait me tromper la-dessus, et me rendre trop ditlicile, je m’en défiai toujours. Depuis, ayant recu des marques de votre amitié, je n’ai pas pu lui faire un crime de mes fausses dé- licatesses, et, quand·vous avez éludé de faire réponse a mes lettres, je me suis toujours rassuré sur ses anciens témoi- guages; d’autant mieux, qu’il me semblait qué vous n’aviez a Aix que moi, et le commissaire L’Enfant, avec qui vous eussiez des liaisons plus intimes que ne sont celles du plai- sir. Je ne pouvais donc pas comprendre que, n’ayant que deux vrais amis, vous en trouvassiez un de trop, parce que je ne concois point qu'il y ait de douceur plus sensible que celle de l’amitié. Je n’imagine pas non plus que vous veuil- Iez ’ me changer pour un autre : vous n’y gagneriez rien, ou je suis fort trompé; car si j’ai quelque mérite, il est de ce coté-la, et c’est m’humilier d’une étrange maniére, que de me le contester. Je ne sais pas cependant si j’aurais eu le courage de me plaindre : peut-étre j’aurais pris sur moi de me taire encore longtemps; mais il m’est venu dans l’esprit qu’il n’était pas impossible que l’argent qu’on nous a preté, dont · vous répondez tout seul, vous fut devenu nécessaire : rien ne serait si naturel. Il y a bien de l’apparence que madame votre mere tira de votre conscience, pendant votre maladie, le secret de cette dette; elle peut souhaiter aussi que je rembourse la somme dont vous répondez pour moi; il n’y aurait rien a cela dont je fusse en droit de me plaindre; mais on ne peut pas deviner; si vous ne m’écrivez point, je ne saurai jamais _rien, et je n’aurai que Pinquiétude d’un doute désagréable. _ 'Qe n’était pas mon intention d’aller, cet été, en Provence;

  • Il faudrait voulics; le mot veuillcs n’est I’ran¢;aisqu’al’i1npéralil. — G.

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