V CORRESPONDANCE. 245 D’exp1iquer pourquoi les romans meurent dans un si prompt oubli, et Corneille soutient sa gloire, c’est la l’avan- tage du theetre. On y fait revivre les morts; et, comme on se degoilte bien plus vite de la lecture d’une action que de sa representation, on voit jouer dix fois sans peine une tragédie tres-mediocre, qu’on ne pourrait jamais relire; enfiu, les gens du métier soutiennent les ouvrages de Cor- neille, et c’est la plus forte objection. Mais peut·etre y en a·t-il plusieurs qui se laissent emporter aux memes choses que le peupleg il n’est pas sans exemple qu’avec de l’esprit . on aime les iictions sans vraisemhlance, et les choses hors de la nature. D’autres out assez de modestie pour del`érer, au moins, dans le public, a l’autorite du grand nombre et d’un siecle tres-respectable; mais il y en a aussi que leur genie dispense de ces egards. J’ose dire, Monsieur, que ces derniers ne se doivent qu’a la verité : c’est a eux d’arreter le progres des erreurs. J’ai assez de connaissance, Monsieur, de vos ouvrages, pour connaltre vos déferences, vos mena- gements pour les noms consacrés par la voix publique; mais voulez-vous, Monsieur, faire comme Despréaux, qui a loué, toute sa vie, Voiture, et qui est mort sans avoir la force de se rétracter *7 J’ose croire que le public ne merite pas ce respect. Je vois que l'on parle partout d’un poete sans en- .. thousiasme ’, sans elevation, sans sublime; d’un homme qui fait des odes par article, comme il disait lui-meme de M. de la Motte, et qui, n’ayant point de talent que celui de fondre avec quelque force dans ses poésies des images empruntées de divers auteurs , découvre partout, ce me semble, son peu d’invention. Si yosais vous dire, Monsieur, a coté de qui le public place un ecrivain si mediocre, a qui
- Boileau n’a pas loué, toute sa vie, Voiture, et, avant sa mort, il s’est
rélraclé. On dirait que Voltaire lui·meme répond A Vauvenargues, qans cette DOES de BOD Temple dll Goiit I • ll est Vl‘8i qlB D8SpI‘é3�X 8. compare • Voiture a Horace, mais Despréaux était jeune alors. ll payait volontiers • ce tribute la reputation de Voiture, pour attaquer celle de Chapelain, • qui passait alors pour le plus grand genie de l’Europe, et Despreaux a ré- • tracté depuis ces éloges. • - G.
- J.·B Rousseau. — G.
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