Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/310

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294 CORRESPONDANCE. rais mal juge, apres une lecture si mal faite. Elle m’a paru pleine de beautes sublimes. Vos ennemis répandent dans le monde qu’il n’y a que votre premier acte qui soit suppor- table, et que le reste est mal conduit et mal écrit. On n’a jamais été si borriblement dechainé contre vous, qu’on l’est depuis quatre mois. Vous devez vous attendre que la plu- part des gens de lettres de Paris feront les derniers efforts pour faire tomber votre piece. Le succes mediocre de la Princesse de Navarre, etdu Temple de la Gloire, leur fait deja dire que vous n’avez plus de genie. Je suis si cboque de ces impertinences, qu’elles me dégoiitent, non-seulement des gens de lettres, mais des lettres meme. Je vous conjure, mon cher maitre, de polir si bien votre ouvrage, qu’il ne reste a l'envie aucun prétexte pour l’attaquer; je m’inte- resse tendrement a votre gloire, et j`espere que vous par- donnerez au zele de l’amitie ce conseil, dont vous n’avez pas besoin. _ 130. — VOLTAIRE A VAUVENARGUES. Ce lnudi, 23 mai 1746. J‘ai peur d’etre ne dans le temps de la decadence des lettres et du gotit; mais vous etes venu empecher la prescription, et vous me tien- ` drez lieu du siecle qui me manque. Bonjour, homme aimable, et homme de genie; vous me ranimez, et je vous en ai bien de Pobligation. Je vous soumettrai mes sentiments et mes ouvrages. Votre societé m’est and chere que votre gout 1n’estprecieux. 131. - LE MEME AU MEME. Mal 1746, Je vais lire vos portraits *. Si jamais je veux faire celui du genie le plus ‘ naturel, de l‘homme du plus grand gotit, de Fame la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. Je vous embrasse tendre- ment. • t Voir les Caracléres, -· G.