Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/35

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DIALOGUES. 19 telles vérités , et vous vous étes trompé en cela : car la plu- part des hommes ne lisent que par vanité et par curiosité; ils n’ont aucune affection pour les meilleures cboses, et il s’ennuient bientot des plus sages instructions. FENELON. _ J’ai eu tort, sans doute, de plusieurs manieres : j’avais fait un systeme de morale; j’étais comme tous les esprits systématiques, qui raménent sans cesse toutes choses a leurs principes. PASCAL. a J’ai fait un systeme tout comme vous, et, en voulant rame- ner a ce systéme toutes cboses, je me suis peut-étre écarté quelquefois de la vérité, et on ne me l’a point pardonné. FENELON. _ Au moins, ne s’est—il trouvé encore personne qui n’ait rendu justice a votre style : vous aviez joint a la naiveté du _ vieux langage une énergie qui n’appartient qu’a vous, et une brieveté pleine de lumiere; vos images étaient fortes, gran- des et patbétiques. Mais ce qu’il y a eu d’éminent en vous, ce en quoi vous avez surpassé tous les hommes , c’est dans * - l’art de mettre chaque chose a sa place, de ne jamais rien dire d’inutile, de presenter la vérité dans le plus beau jour qu’elle put recevoir, de donner a vos raisonnements une _ Q force invincible, d’épuiser, en quelque maniere, vos sujets, sans etre jamais trop long, et, enfin, de faire croltre Yintérét et la chaleur de vos discours jusqu’a la fin. Aussi Despréaux a-t-il dit que vous étiez également au—dessus des anciens et des modernes, et beaucoup de gens sensés sont per- _ - suadés que vous aviez plus de génie pour Péloquence que Démosthene ’. · - 1>Asc.u.. Vous me surprenez beaucoup; je n’ai vu encore per-

  • Tel est le texte du manuscrit; pour que la phrase fnt correcte, il faudrait

sugprimer le mot dans. — G.

  • Voir le !•° Fragrnenl (Sur Pascal et Bossuct). - G. "