Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/210

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juge dans le monde si féverement des aftions, des difcours & des écrits d’autrui. Mais pardonnezleur jufqu’à cette connoiffance de vos défauts, & aux avantages frivoles qu’ils eflayeront d’en tirer : ne leur demandez pas la même perfestion qu’ils femblent exiger de vous. Il y a des hommes qui ont de l’esprit & un bon cœur, mais rempli de délicateffes fatigantes ; ils font pointilleux, difficiles, attentifs, défians* jaloux i ils se fâchent de peu de chofe, & auroient honte de revenir les premiers : tout ce qu’ils mettent dans la fociété, ils craignent qu’on ne penfe qu’ils le doivent. N’ayez pas la foiblefle de renoncer à leur amitié par vanité ou par impatience, lorfqu’elle peut encore vous être utile ou agréable ; & enfin quand vous voudrez rompre, faites qu’ils croyent eux-mêmes vous avoir quitté.