Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Corneille est tombé trop fbuvent dans ce défaut de prendre l’oftentation pour la hauteur, & la déclamation pour l’éloquence. Et ceux qui se font apperçûs qu’il étoit peu naturel à beaucoup d’égards, ont dit pour le justifier, qu’il s’étoit attaché à peindre les hommes tels qu’ils devroient être. Il efl donc vrai du moins qu’il ne les a pas peints tels qu’ils étoient. C’est un grand aveu que cela. Corneille a crû donner fans doute àfes Héros un caractere fupérieur à celui de la nature. Les Peintres n’ont pas eu la même préfomption. Lorfqu’ils ont voulu peindre les -Anges, ils ont pris les traits de l’enfance : ils ont rendu cet hommage à la Nature, leur riche modele. C’étoit néanmoins un beau champ pour leur imagination ; mais c’est qu’ils étoient perfuadés que l’imagination des hommes, d’ailleurs û féconde en chimeres,