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Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/241

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meres, ne pouvoir donner de la vie à fes propres intentions. Si Corneille eût fait attention que tous les panégyriques étoient froids, il en auroit trouvé la caufe, en ce que les Orateurs vouloient accommoder les hommes à leurs idées, au lieu de former leurs idées fur les hommes.

Mais l’erreur de Corneille ne me furprend point : le bon goût n’est qu’un fentiment fin & fidele de la belle nature, & n’appartient qu’à ceux qui ont l’esprit naturel. Corneille né dans un fiécle plein d’affectation’, ne pou voit avoir le goût jufte. Auffi l’a-t’il fait paroître, non-feulement dans fe$ Ouvrages, mais encore dans le choix de fes modèles, qu’il a pris chez les Efpagnols & les Latins, Auteurs pleins d’enflure, dont il a préféré la force gigantefque à la fImplicite plus noble & plus touchante des Poètes Grecs.