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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/117

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regardait pas, semblait hypnotisée par la table qui les séparait.

— J’ai trente ans, dit-il. Je suis industriel. Textiles…

Le souffle d’un rire furtif lui fit lever les yeux. Il vit la jeune fille essayant de contenir un véritable fou rire.

Elle pensait à Lina et à sa description « petites annonces matrimoniales ».

Chavanay, lui-même, ne se présentait pas autrement. C’était trop drôle.

Il se tut et, contournant la table, il vint à elle. Elle se crispait pour essayer de maîtriser son rire.

— Laissez-moi.

Elle rit de plus belle.

— Pourquoi riez-vous ?

Il lui saisit les bras et la secoua sans méchanceté, comme s’il eût voulu lui rendre sa maîtrise d’elle-même.

— Colette, je vous supplie de m’écouter. Colette, je vous aime et je vous aime profondément. Oui, je sais, je vous connais fort peu, mais depuis lundi je suis incapable de ne rien faire d’autre que de penser à vous. Vous ne pouvez imaginer mon angoisse quand, mardi, après être retourné avenue Victor-Hugo, je vous ai crue perdue à jamais, et quelle fut ma joie en vous voyant entrer dans le bureau de Fourcaud. C’est un signe du destin que je vous aie ainsi miraculeusement retrouvée. Pourquoi vous êtes-vous enfuie sans m’écouter, l’autre soir ?