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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/119

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Il la remercia d’un sourire, bien qu’elle gardât un visage impénétrable.

— Il nous sera pénible, à l’un comme à l’autre, de remuer ce passé encore si proche. Pénible pour moi d’abord, parce qu’il me faudra revivre de mauvais souvenirs, pénible, je le crains, aussi pour vous, parce que je vais être obligé de parler d’une femme…

Il s’arrêta un instant avant de dire d’une voix blanche :

— Mais, après, nous n’en reparlerons plus. Plus jamais. Elle s’appelait Véronique…

Colette leva des yeux étonnés.

— Vous la connaissez ? fit-il… Ah ! je comprends, je vous ai parlé d’Élisabeth, tout à l’heure. Élisabeth est ma sœur. Elle habite rue Christiani… Véronique… est une amie d’enfance, je l’avais perdue de vue depuis des années, et puis, un jour, dans un salon de mes amis Mesnager, je fis la connaissance d’une jeune femme, Véronique.

« Vous ne pouvez imaginer, Colette, quand un homme est encore célibataire à trente ans, le nombre d’attentats à sa liberté dont il est victime de la part de ses parents et amis. Seulement, je n’étais pas le seul à avoir trente ans, Véronique également. Veuve depuis six ans, elle songeait sérieusement à se remarier, à refaire sa vie. Mes parents, nos amis, les Mesnager en tête, et Véronique, c’était trop pour un seul homme. D’autant plus que Véronique amenait avec elle une réserve de vieux souve-