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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/120

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nirs qui fleuraient notre jeunesse. Bref, nous nous sommes fiancés et nous devions nous marier… le mercredi avant Pâques.

« Je vous passerai nos chicanes, nos heurts, des scènes plus pénibles, et la lente découverte que, si nous étions de vieux camarades, notre amitié était sans amour. Nous avons eu la sagesse, ou la chance, de savoir nous arrêter à temps et de ne pas faire bénir une union vouée à la discorde. Sous prétexte d’une grippe, nous avons reculé la cérémonie d’un mois. Ce n’était qu’un manque de courage à l’égard de nos invités, car nous savions déjà que tout était irrémédiablement rompu.

« Voyez-vous, Colette, ce n’est qu’une pauvre histoire. Si Véronique avait été un garçon, nous aurions eu plaisir à évoquer nos souvenirs. J’ai quitté une Véronique encore petite fille, j’ai retrouvé une jeune femme. Nous nous sommes abusés sur nos sentiments.

Colette se retint de dire : « Ce n’est que ça. »

À la vérité, elle était déçue. Quelque rocambolesque histoire lui eût semblé plus naturelle. Il est tellement plus fréquent de consommer un malheur que d’avoir le courage de vouloir l’éviter.

— Vous ne dites rien, fit Chavanay.

La jeune fille leva vers lui un regard accablé.

— Je ne sais plus… Excusez-moi.

— Colette, si je vous demandais de vous revoir, que me répondriez-vous ?