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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/121

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— Rien ne s’oppose à ce que nous nous revoyons.

Il eût voulu la prendre dans ses bras, mais elle était si farouche, qu’il se contint. Il lui prit simplement les mains.

— Vous me donnez un espoir ?

Cet aveu d’amour était si différent de celui qu’elle s’était toujours imaginée recevoir. Bien sûr, il avait dit les mots qu’elle attendait : je vous aime… ces pauvres mots usés par les siècles et par tant de mensonges. Oui, il s’était justifié, où il avait cru le faire. Mais il restait entre eux un fantôme. Une veuve. Colette voyait un fantôme noir, un fantôme voilé de crêpe.

— Ah ! je ne sais pas… Je ne sais plus.

Des pensées contradictoires l’assaillaient :

« Est-ce bien lui que j’aime ou ce luxe qu’il m’offre ? M’aime-t-il réellement, ou n’est-ce que par dépit ? »

Il lui serrait les mains, puis les bras.

Elle eût voulu crier :

« Non, je ne vous aime pas. Comme avec l’autre, vous vous illusionnez.

Elle ne l’osa pas. Elle se retint même de lui demander d’attendre, tant elle craignait de le perdre.

— Ma chérie…

Elle se trouvait contre lui, et maintenant il la serrait. Elle sentait son souffle glisser le long de son cou, effleurer sa nuque, et ils restèrent ainsi sans rien dire, jusqu’à ce que, brusque-