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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/13

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— Cette pièce n’est pas une mansarde. C’est un ancien atelier d’artiste. Malheureusement, avec cette verrière, je n’ai pas eu chaud l’hiver dernier.

Lina tourna le bouton de la radio, puis s’approcha de l’immense baie qui s’ouvrait sur une nuit scintillante de lumières, trouée par la masse du Sacré-Cœur illuminé.

— C’est amusant de voir Paris de ce côté-là.

Colette, qui coupait des pommes de terre, s’arrêta :

— Qu’y a-t-il de si étonnant ?

— Eh bien ! pour moi, le Sacré-Cœur est l’Étoile polaire de Paris et, de chez toi, il me semble que l’Étoile polaire a changé d’hémisphère.

— Tu deviens poétique ; continue, je t’en prie, railla Colette. Mais sois moins hermétique.

— Ne te moque pas de moi, tu comprends très bien ce que je veux dire. Quand je suis chez moi, ou à mon bureau, je vois le Sacré-Cœur au nord ; il me paraît à la limite de Paris et me sert de point de repère. Mais, de chez toi, avec la Tour Eiffel à droite, je me sens perdue, il me semble que je suis hors de Paris.

— Ta démonstration est magistrale. Allons, il est temps de mettre le couvert. Bientôt, nous pourrons dîner.

Tandis que Lina contemplait ce panorama si nouveau pour elle qu’il la dépaysait, Colette jeta une nappe sur un guéridon et disposa les assiettes.

Il y eut un silence assez long entre les jeunes