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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/139

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— Lâchez-moi, vous me faites mal à me serrer ainsi.

— Pardonnez-moi.

Il desserra son étreinte et, le souffle court, il dit :

— Que décidez-vous ?

— Je ne sais pas, je sens la folie m’envahir. Je vous en supplie, François, pendant qu’il en est temps encore, que la fatigue, la faim et la soif n’ont pas affaibli vos facultés, cherchez le moyen de sortir d’ici, cherchons le secret.

— Non. Répondez-moi

— François, j’ai souvent pensé à la valeur de mes droits sur ce château. Ils sont légaux, mais… immoraux. Je n’ai jamais connu Anthime. J’ignorais jusqu’à son existence. J’aurais dû refuser l’héritage. Comme une écervelée, j’ai accepté… pour être : châtelaine, un jour, comme disait mon amie Lina. Je suis punie aujourd’hui. François, je vous abandonne ma part, le château est à vous.

— Je me suis mal fait comprendre, Colette. Ce n’est pas votre part d’héritage que je convoite. Certes, vous ne pouvez imaginer ce que Grandlieu représente pour moi. J’éprouve presque de l’amour pour ce château. Mais Grandlieu, sans vous, ne serait qu’un grand corps sans âme. Il serait semblable à ces somptueuses robes d’autrefois que l’on voit dans les vitrines des musées. Elles sont un peu fanées, les ors en sont ternis ; il leur reste le charme des vieilles et belles choses, mais on a peine à imaginer qu’elles servirent à parer une jolie dame d’an-