Aller au contenu

Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je l’ai vu beaucoup, en effet, mais quoiqu’il gagne à être mieux connu, il n’y a rien entre nous. Rien d’autre que des intérêts !

— Je croyais que le château ne t’intéressait plus ?

— Au contraire. Ne t’ai-je pas dit qu’en ne vendant pas immédiatement, nous pourrons tirer un meilleur parti du domaine ?

— Tu t’associes avec lui, en quelque sorte ? Sois prudente. Ai-je besoin de te rappeler qu’il ne t’inspirait aucune confiance ?

— Oui, mais j’ai compris maintenant qu’il était au fond un brave garçon, simplement un peu rustre.

Elles poursuivirent leur marche sans parler, chacune absorbée par ses pensées.

En vérité, Lina n’était pas satisfaite.

— Ce qui me surprend, fit-elle un peu plus tard, c’est ton âpreté.

Cette fois, elle avait touché Colette au vif. La jeune fille se tourna vers elle.

— Mon âpreté ?

— Le mot n’est peut-être pas rigoureusement exact. J’ai voulu dire cet intérêt que tu portes à cette affaire. Tu es toute changée. T’es-tu regardée dans une glace ces temps-ci, non pour te coiffer ou mettre ton rouge à lèvres, mais pour te regarder vivre. Quelle angoisse dans tes yeux, quelle amertume sur tes lèvres et quelle tristesse sur ton visage !

Colette tenta de rire, mais son rire sonnait mal.

— Que vas-tu chercher là ?