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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/185

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— Si vous voulez connaître ma pensée, monsieur, sachez que vous représentez assez bien le type d’homme que j’ai le plus en horreur.

Colette blêmit encore plus que Lesquent. Elle s’attendit à un éclat. Il se contenta de ricaner :

— Vous ne jalouserez donc pas votre amie quand nos fiançailles seront officielles !

Lina regarda Colette avec stupeur, guettant au moins un signe de négation. Celle-ci, qui ne savait comment faire face à cette mutuelle hostilité, restait muette et Lina prit son silence pour un acquiescement.

— Tu ne me l’avais pas dit, fit-elle sèchement.

— C’est une cachottière, dit Lesquent, qui semblait beaucoup s’amuser.

— Elle n’avait pas de quoi se vanter.

Cette fois, Lina avait dépassé les limites de ce badinage acide qu’avaient revêtu leurs propos jusqu’ici.

Colette voulut s’interposer et, comme elle craignait par-dessus tout que son terrible cousin eût des mots irréparables, elle adressa d’abord ses reproches à son amie.

— Tes mots ont dépassé ta pensée, Lina. Ne vois-tu pas que François plaisante ?

— Je ne m’en suis pas aperçue, en effet. Mais ce que j’ai vu, c’est qu’il se conduit ici en maître, qu’il est un goujat et qu’il n’a d’autre but que de te dépouiller après avoir abusé de ta candeur…

Lesquent donna un coup de poing sur la table et se leva. Il était blême de fureur.