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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/50

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— Une chambre ? Oui, mademoiselle, il nous en reste une.

Colette eût sauté au cou de la bonne dame qui, déjà, s’emparait de sa valise.

Au bureau, où elle devait remplir la fiche, Colette dut attendre que le voyageur, devant elle, eut terminé cette formalité. C’était un solide gaillard bâti en athlète et fort élégamment vêtu d’un costume de sport.

Quand il se retourna, il eut une seconde d’arrêt.

— Excusez-moi, madame, n’est-ce pas à vous à qui j’ai demandé l’adresse d’un hôtel à Pont-Audemer ?

Il avait un visage si souriant, si net, si dénué d’effronterie, que la jeune fille n’hésita pas à lui répondre :

— Mais oui, monsieur, et vous voyez que les grands esprits se rencontrent, puisque vous avez abandonné Lisieux pour Vieux-Port.

Ils rirent tous deux, et fort discrètement, après l’avoir saluée, le jeune homme s’en alla.

Maintenant, assurée d’un gîte, Colette se sentait l’âme si joyeuse qu’elle eût chanté. Les âmes gaies sont généreuses… elle ne tenait plus aucun grief à François de son attitude.

« Une simple méprise d’un petit garçon qui n’est pas sorti de son trou, se dit-elle. Il a cru, parce que j’étais Parisienne, que je me laisserais facilement glisser sur le chemin du flirt. Erreur, mon petit bonhomme ; la leçon, j’espère, vous aura servi, et demain vous serez sage. »