Aller au contenu

Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

forêt et rentrant par cette barrière où nous sommes arrivés. C’est à cause de cette vision que j’ai pris cette route hier soir.

« Si je vous ai blessée, Colette, c’est par maladresse, par amour. Les timides manquent toujours de délicatesse.

Colette n’avait pas prononcé un mot pendant tout ce beau discours. Il semblait si spontané en sa gaucherie, si peu préparé, qu’elle n’était pas loin d’y croire. Elle était même peinée d’avoir provoqué un amour auquel elle ne désirait nullement répondre. François était, certes, sympathique. Il pouvait être un brave garçon ; mais, s’il se révélait honnête, si ce qu’il disait était vrai, alors, par son comportement, il heurtait la délicatesse et la sensibilité de la jeune fille.

Elle ne savait que lui dire. Pour ne pas lui faire de peine, elle n’osa pas le laisser sans espoir, et comme il la pressait de répondre, elle dit :

— Vous comprendrez aisément que je suis surprise, François. Bien sûr, je ne vous tiens aucun grief de votre attitude d’hier. J’ai, moi-même, peut-être, pris trop vivement la chose. Je vous connais si peu. Mais vous admettrez que je sois surprise de cet aveu que vous venez de me faire. Il faut que je réfléchisse, que je m’habitue à cette pensée. Vous-même me connaissez si mal.