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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/69

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de posséder Grandlieu pour vivre en châtelaine, encore fallait-il en avoir les moyens.

Et puis, de toute façon, elle ne voulait pas envisager d’épouser son cousin. D’obscures raisons le lui interdisaient, des raisons qu’elle ne cherchait même pas à découvrir.

Non, la véritable raison à se poser était celle-ci : quand François mentait-il ?… Était-ce en disant que la fortune de Grandlieu était dans ses pommiers, ou quand il prétendait que les arbres étaient trop vieux et ne donnaient plus de fruits ?

Il semblait à Colette qu’une réponse à cette question était assez simple à obtenir et qu’elle éclairerait la situation. Elle lui permettrait de savoir si c’était d’elle qu’il se moquait ou de Chavanay.

S’il avait trompé Chavanay, ce pouvait être dans l’espoir qu’il fût le Parisien qui ne viendrait que deux mois par an, laissant François maître du château pendant les dix autres. S’il avait menti à Colette, ce ne pouvait être que pour la voler. Chavanay achèterait le domaine pour une bouchée de pain et il donnerait une soulte à François qui l’empocherait seul. Dans l’un ou l’autre cas, François était malhonnête.

Ces réflexions avaient mené Colette jusqu’à l’église de Vieux-Port. Là-bas, devant l’auberge, elle aperçut la Delahaye arrêtée au bord du talus. Chavanay était là. Peut-être parviendrait-elle, avec habileté, à le faire parler de sa visite à Grandlieu.