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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/71

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aucun hôte n’était encore arrivé, prit un ton de confidence :

— Il espérait bien l’être, propriétaire, et il avait fait tout ce qu’il fallait pour cela.

« Malheureusement pour lui, le notaire s’est aperçu que le testament avait été falsifié et M. François n’a pas été admis comme légataire universel.

Colette, qui n’entrevoyait que fort vaguement la vérité à travers ce langage sibyllin, hasarda une question banale avec le seul espoir que la servante s’étendrait plus en détail :

— Je suppose que ce M. François est le fils de l’ancien châtelain, et qu’il a des frères et sœurs ?

— Pas du tout. Le château appartenait à un tanneur de la région, M. Letellier, et M. François, qui est beaucoup plus jeune, est revenu d’Afrique il y a trois ans. Ils étaient cousins et ne s’étaient jamais vus. M. Letellier était déjà malade, sans cela ce vaurien de François ne serait pas resté un mois à Grandlieu. Il faut avoir connu Monsieur quand il était en bonne santé. C’était un homme qui savait ce qu’il voulait. Tandis que le François, c’est un beau parleur et c’est tout. Le soir où Monsieur a eu sa crise cardiaque, quand je lui ai dit qu’il fallait aller chercher le médecin, savez-vous ce qu’il m’a répondu ?

— Par un temps pareil, si vous croyez que je vais sortir !

« Et ce pauvre Monsieur, qui étouffait toute la nuit, est mort au matin.