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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/83

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elle habitait, quelle était sa position sociale, pour quelle raison elle était venue, solitaire, passer le week-end à Vieux-Port. Lui-même était fort réservé à son sujet.

Tandis qu’ils suivaient la route si pittoresque entre Honfleur et Trouville, Colette se faisait cette réflexion :

« Il me semble que nous sommes de vieux amis ; nous ne nous connaissons pas et, au lieu de nous révéler qui nous sommes, nous parlons de la Normandie à Pâques, du métier de pêcheur, du plaisir et de l’ennui des villes d’eau, du dernier concert Pleyel et de l’exposition des Impressionnistes à l’Orangerie. »

La jeune fille écoutait Chavanay la plupart du temps ; cependant, elle ne craignait pas de donner son avis et de faire rebondir la conversation.

Quand il arrêta son auto devant le Normandy, elle dit avec une certaine gêne :

— Je ne suis pas habillée pour venir ici.

Il la regarda de son œil froid, puis il fit :

— C’est sans importance.

Il avait dit cela avec une telle fermeté qu’elle retrouva toute son assurance et elle était sûre d’elle en entrant dans le restaurant, peut-être parce qu’il était à ses côtés. Tout au moins, c’était ce qu’elle pensait.

Ils s’assirent à une table près d’une baie qui s’ouvrait sur la plage déserte. Au loin, la mer miroitait et, très haut dans le ciel, de paisibles nuages blancs remontaient lentement vers la Seine.