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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/84

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« Dans une heure ou deux, leur ombre courra sur la pelouse de Grandlieu », pensa-t-elle fugitivement.

Le maître d’hôtel s’approcha à pas feutrés pour présenter les menus. Discrètement, Colette regarda sur le côté. Il y avait deux Anglaises aux vêtements d’un vert invraisemblable et, plus loin, quelques couples qui déjeunaient silencieusement. Derrière Chavanay, une jeune femme prenait un café-filtre en fumant une cigarette. Aucune des convives ne portait une de ces robes extraordinaires que l’on voit sur les photos de présentation de couture. Alors, rassurée, la jeune fille s’intéressa au menu.

Le luxe était, ici, fait de silence et de distinction.

Très rapidement, Colette s’y habitua et, au dessert, elle savoura pleinement l’ambiance fastueuse du palace. Elle baignait dans une telle euphorie qu’elle sentit la nécessité de révéler à Chavanay quels intérêts elle avait dans le domaine de Grandlieu. Mais n’était-il pas déjà trop tard ? N’allait-elle pas le heurter en lui apprenant qu’hier elle l’avait dupé en lui parlant du château comme si elle ne l’avait pas connu ? Peut-être se fâcherait-il, ou peut-être, simplement, leur bonne entente se trouverait voilée et cette belle journée gâchée.

Elle remit à plus tard cet aveu.

Après le déjeuner, ils firent une promenade sur la plage, mais le fond de l’air était si frais qu’ils l’écourtèrent. Ils reprirent la route.