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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/85

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« Il faut absolument que je le lui dise avant ce soir », pensait-elle.

Mais, ni pendant le trajet, ni au thé qu’il lui offrit à Saint-Germain, ni tandis qu’ils rentraient à Paris, elle ne se décida.

Au début de l’après-midi, elle avait redouté de gâcher le reste de la journée et, dans la soirée, elle craignit de le vexer.

« Ce sera un triste remerciement que de lui laisser supposer que je me suis jouée de lui pendant toute cette belle journée. »

— Je vous dépose de quel côté ?

Ils arrivaient à la porte Maillot.

— Laissez-moi à l’étoile, si vous le voulez.

Tandis qu’ils remontaient l’avenue de la Grande-Armée, il insista :

— Je peux vous reconduire chez vous.

En un instant, Colette vit se dérouler le film merveilleux de cette journée de femme fortunée qu’il venait de lui permettre de vivre. Elle refusa que la dernière séquence se jouât devant la porte vétuste de la rue du Mont-Cenis.

— Si vous voulez arrêter du côté de l’avenue Victor-Hugo…

Elle sentait le sang affluer à ses joues. Certainement, sa voix avait faibli en émettant ce mensonge.

« Il faut que je le lui dise, au sujet de Grandlieu. »

La Delahaye se détacha du flot de voitures qui contournaient l’Arc de Triomphe et elle s’engagea dans l’avenue.

— Quel numéro ?