Page:Veber, Soulié - La Mariotte, 1903.djvu/43

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GOURON

Eh bien, c’est plus fort que de jouer au bouchon, dans la neige avec des pains à cacheter. Dans ce cas, mon père Bonfils, tu vas t’en charger.

BONFILS

Pourquoi ?

GOURON

T’es maire de la commune, Président du bureau de bienfaisance… et toute la boutique… pas vrai. Eh bien, mon vieux, comme on dit au rams, à toi la fille !

BONFILS

Erreur n’est pas compte.

GOURON

Hé !

BONFILS

Le bureau de bienfaisance, c’est pour les indigents. La Mariotte n’est pas indigente… Elle gagne sa vie chez Ledant, n’est-ce pas, Ledant ?

GJURON

Tête de pioche ! puisque Ledant n’en veut pas.

BONFILS

J’ai pas à entrer dans ces affaires-là. Nous n’avons pas le droit de secourir les gens qui travaillent.

GOURON

Ah ! bien… c’est parfait !… Vous êtes tous de jolis clients de me flanquer sur les bras, une femme qui dort. — Voyons mon père Bonfils un bon mouvement.

BONFILS

Je suis fâché, mon pauvre garçon, mais le préfet nous a donné des ordres… Je suis forcé d’obéir — t’as la Mariotte, garde-la. (Il sort.)

GOURON

Je la garderai pas, tant pis.

LEDANT

À ta guise ! Seulement vrai : c’est pas charitable de