Page:Verchères - Aventures de cow-boys No 1 - L'or maudit, 1948.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une dizaine de prospecteurs du camp des mineurs tenaient le vieux Baptiste Verchères et son lieutenant en respect.

Chiasson était occupé à remplir de balles les colts que Monroe et Dougald vidaient en tentant vainement de faire danser l’Abbé Taché.

Le reste de l’auditoire se tenait neutre, se contentant d’observer ce qui se passait sous leurs yeux.

Pander murmura :

— Ne bougez pas, l’Abbé ; c’est Hugh qui est derrière vous… Non, non, ne vous tournez pas…

Taché indiqua qu’il avait compris en remuant le pied gauche en direction arrière.

Hugh continua à voix très basse :

— Avant d’entrer en danse, l’Abbé, laissez-moi vous dire quelque chose. Vous êtes tout simplement un héros. Sans arme aucune, vous résistez avec une dignité incomparable aux balles de ceux qui veulent vous ridiculiser. Eh bien, Taché, la religion qui produit des hommes comme vous est pour moi la bonne. Vous venez de me convertir.

Il reprit :

— Voici mes ordres : Ne bougez pas. Quelques détonations vont éclater dans un instant. Demeurez calme et froid.

Dougald dit dans un sarcasme :

— Danseras-tu enfin, papiste, ou aimes-tu mieux mourir ?

Le prêtre n’eut pas le temps de répondre.

Quatre coups de feu successifs…

Les quatre revolvers de Monroe et Dougald tombèrent et les traits crispés des deux bandits indiquaient leur douleur intense.

Pander fit signe à Huguette qui s’approcha de lui en courant.

Il échangea le premier colt qui venait de servir contre un autre chargé.

Quand il eut vidé ses deux armes, les rif-raffs qui tenaient le chef et son lieutenant en respect venaient de laisser échapper leurs pistolets.

— Merci, cria le vieux Baptiste.

Pander ordonna :

— Vous autres, Baptiste et Marchildon, veillez à ce que personne ne quitte cette tente d’ici la fin du service religieux.

Le révérend annonça :

— Mes amis, vous allez maintenant avoir le privilège d’entendre le sermon. Et, gare à vous, Dougald et Monroe, car si mes balles ont su trouver le chemin de vos pistolets, elles pourront tout aussi bien trouver celui de votre roche de cœur.

L’Abbé Taché commença :

In nomine patris et filii et spiritus sancti, amen ; mes frères, le feu du ciel a détruit les fornications des coupa-